McMaster Engineering Community Outreach, membre du réseau Actua, redéfinit les STIM pour les jeunes Noirs
25 février 2025
Par le passé, les communautés noires ont été sous-représentées dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM). Ce phénomène découle des obstacles systémiques auxquels elles font face et d’un accès limité à des possibilités d’emploi. Bien que les jeunes Noirs débordent de talent et d’intérêt envers les STIM, il leur est difficile de s’identifier aux modèles de rôle représentés dans ces domaines. Qui plus est, les curriculums et les programmes ne sont pas adaptés à leur culture. Il est crucial de s’efforcer de combler ces lacunes afin d’encourager un plus grand nombre de jeunes Noirs à poursuivre une carrière dans les STIM et ainsi de promouvoir un paysage inclusif au sein des STIM.
Le programme Black Outreach STEM Series (BOSS), dirigé par le membre du réseau Actua McMaster Engineering Community Outreach de l’Université McMaster, à Hamilton, en Ontario, vise justement à abattre ces obstacles. Le programme BOSS favorise un environnement où les jeunes Noirs se sentent représentés au sein des STIM, tissent des liens avec leurs mentors, acquièrent des compétences essentielles à leurs futures carrières et participent à des ateliers pratiques qui reflètent de manière pertinente leurs expériences.
Un programme fondé sur la représentation et l'accès
Le programme BOSS a été élaboré dans le but de combler une lacune importante dans l’apprentissage des STIM. En 2024, 3 300 jeunes y ont participé. Les jeunes Noirs sont moins susceptibles de s’inscrire à des cours en STIM que les autres élèves, ce qui limite leur accès à des programmes postsecondaires liés aux domaines des STIM. Ce programme a été basé sur le fait que les jeunes Noirs ne se sentent pas toujours interpelés par les approches traditionnelles d’enseignement des STIM. En alliant des concepts en STIM à des sujets comme la musique, les sports, les arts et la culture et même les soins capillaires, le programme rend les STIM plus accessibles et pertinentes.
« Les jeunes Noirs ne sont pas indifférents envers les STIM », explique Shelby Aponsah, cheffe de l’équipe de sensibilisation de McMaster Engineering Community Outreach. « Le problème est que les STIM sont souvent enseignées à partir d’une perspective eurocentriste qui ne concorde pas avec nos expériences. Néanmoins, tout notre quotidien évoque les STIM : nos cheveux, notre nourriture, notre musique, notre culture. Notre objectif est de démontrer aux jeunes qu’ils interagissent déjà quotidiennement avec les STIM. »
L’accès aux STIM sur les plans financier et social constitue un obstacle auquel font face les jeunes Noirs en STIM. Plusieurs programmes impliquent des frais. De plus, certains programmes gratuits passent sous le radar ou n’encouragent pas l’inclusivité. Le programme BOSS pallie ces lacunes en proposant des ateliers gratuits et en établissant des partenariats avec des instructrices et instructeurs Noirs, des centres communautaires et des conseils scolaires de la communauté noire. Les efforts de sensibilisation s’en trouvent mieux ciblés et plus efficaces. « Les programmes comme BOSS, qui sont axés sur l’accessibilité et la pertinence culturelle, contribuent à éliminer les obstacles, souligne Shelby. Nous entrons régulièrement en contact avec des écoles qui comptent un grand nombre d’élèves noirs pour nous assurer que ces jeunes sont au courant de ces possibilités. L’accès et la représentation vont de pair. »

Combler l’écart entre les STIM et les expériences des jeunes Noirs
Les ateliers du programme BOSS rendent les STIM plus pertinentes aux yeux des jeunes Noirs. Puisque les ateliers sont axés sur des problématiques du quotidien, comme l’insécurité alimentaire ou les pratiques culturelles (par ex. : les soins capillaires), les STIM semblent plus tangibles, pertinentes et accessibles. Voici quelques activités notables :
Désert alimentaire et activité de programmation : Dans le cadre de cet atelier, les élèves utilisent la programmation pour déterminer l’emplacement optimal d’une épicerie au sein de communautés établies dans des zones où l’accès à de la nourriture saine et abordable est limité. Ce faisant, les élèves se familiarisent avec des concepts d’ingénierie, comme l’automatisation, la conception de logiciels et l’urbanisme tout en luttant contre les inégalités systémiques. Shelby explique : « Cet atelier rejoint un grand nombre d’élèves. On leur montre une carte de la ville de Hamilton sur laquelle les épiceries sont indiquées; ils peuvent ensuite nous montrer où se situent leurs quartiers respectifs. Ils peuvent donc constater par eux-mêmes que “wow, je vis à deux ou trois pâtés de maisons de Food Basics, mais ma famille n’a pas de voiture”, ou encore que “ma grand-mère qui fait les courses doit prendre deux bus pour se rendre chez No Frills.” »
L’activité contribue à améliorer les compétences en littératie numérique des élèves et les aide à reconnaître les facteurs historiques et structurels qui façonnent leurs milieux de vie. En mettant la programmation au profit d’enjeux réels, les jeunes sont en mesure de se projeter comme personnes génératrices de changement au sein de leurs communautés.

Atelier sur les soins capillaires : Cet atelier, qui mêle chimie, entrepreneuriat et soins personnels, offre une expérience des STIM qui permet aux élèves de faire un lien entre les STIM et leurs pratiques culturelles. Les jeunes expérimentent avec différentes huiles et découvrent leurs propriétés et la manière dont elles agissent sur les différentes textures de cheveux pour nourrir ces derniers. Au-delà de son aspect scientifique, l’atelier initie les élèves à l’entrepreneuriat en les poussant à réfléchir comme des entrepreneurs. « Bien que l’objectif principal soit de fabriquer une huile capillaire, nous poussons les jeunes à créer une marque, à établir un prix et à présenter leur produit comme dans les émissions Shark Tank ou Dans l’œil du dragon », explique Shelby. Les élèves choisissent le nom de leurs produits, établissent des stratégies de marketing et expliquent en quoi leurs produits sont uniques. Cette activité pratique suscite la curiosité scientifique des élèves et les expose à d’éventuels plans de carrière en STIM. Plusieurs jeunes réalisent avec surprise que leurs pratiques quotidiennes, comme prendre soin de leurs cheveux, impliquent de la chimie et du développement de produits.
Cet atelier permet aux élèves de comprendre les liens entre les sciences, la culture et les possibilités économiques. Il défie également les perceptions communes d’un scientifique ou d’un entrepreneur. Il souligne que leurs expériences vécues sont utiles aux deux domaines.

Les programmes comme BOSS vont au-delà des ateliers. Ils encouragent les jeunes Noirs à se projeter comme personnes innovatrices, entrepreneures et créatrices de changement. Enfin, ils les exposent aux différentes carrières en STIM qui leur est possible d’entreprendre. L’avenir des STIM est diversifié. Les programmes comme BOSS ouvrent la voie à une génération de jeunes Noirs qui peuvent façonner les industries, résoudre des problématiques réelles et ainsi devenir la prochaine génération de scientifiques, de leaders de la technologie et d’ingénieurs.