Du métavers à l’intelligence artificielle : comment, en tant que parent, s’adapter aux nouvelles technologies
Texte de Ritesh Kotak
18 octobre 2023
Octobre est le Mois de la sensibilisation à la cybersécurité, soit le moment de l’année où l’on rappelle l’importance capitale de la cybersécurité et de la sécurité en ligne. Tout au long du mois, nous fournirons de précieux renseignements cyberfutés à l’intention des parents et des responsables d’enfants. Notre objectif consiste à vous donner les moyens d’acquérir les connaissances nécessaires pour protéger efficacement vos enfants lorsqu’ils passent du temps en ligne.
Nous vivons à une époque intéressante où tous les jours, nous entendons parler de nouvelles technologies. C’est parfois difficile de s’y retrouver, toutefois le présent article a pour but de vous informer afin que vous puissiez prendre davantage de décisions éclairées sur l’utilisation des nouvelles technologies en tant que parent ou responsable d’enfants.
Qu’est-ce que le métavers?
Le métavers est un terme de marketing qu’a inventé Meta, la société mère de Facebook, de WhatsApp, d’Instagram et de Threads. Bien des gens croient que le métavers désigne la réalité virtuelle, où l’on peut explorer de nouveaux mondes et jouer à des jeux comme avatar. Toutefois, le métavers fait partie d’un mouvement plus vaste communément appelé le Web 3.0.
La première version d’Internet, le Web 1.0, nous a permis de « lire ». Vous vous souvenez de Ask Jeeves et AOL? Nous pouvions ouvrir une session sur notre ordinateur et après avoir entendu notre modem produire des sons de connexion bizarres, nous avions accès à de l’information mondiale sur notre écran. La deuxième version d’Internet, le Web 2.0, nous a permis d’« écrire ». C’est à ce moment que nous sommes tous devenus des créateurs de contenu et que nous avons exprimé nos opinions sur les plateformes de médias sociaux. Nous en sommes à la troisième version d’Internet, laquelle nous permet de « posséder ».
Outre le métavers, parmi les exemples du Web 3.0, citons les jetons non fongibles et les cryptomonnaies.
Alors, comment ça marche?
Récemment, la National Basketball Association (NBA) s’est associée à Meta pour permettre aux gens d’avoir les meilleures places virtuelles à certains matchs de basketball. Ainsi, votre avatar pourrait être assis au premier rang et vous auriez l’impression d’assister à ce match. À un moment donné, vous pourriez même acheter des chandails virtuels pour votre équipe préférée. Ces biens virtuels n’existent pas dans le monde physique, mais ils se retrouvent dans le monde virtuel où il faut de l’argent réel pour les acheter. J’ai eu une expérience semblable quand j’ai été invité à un concert virtuel d’un artiste populaire. Des gens de partout dans le monde y assistaient. Le concert semblait réel et a constitué une expérience extraordinaire.
C’est le genre d’expérience qui deviendra de plus en plus prisé. Parmi les demandes faites aux parents, ce sont les casques de réalité virtuelle pouvant transporter les utilisateurs dans de nouveaux mondes qui ont la préférence actuellement plutôt que les nouvelles consoles de jeu. Mais les nouveaux mondes s’accompagnent de nouveaux défis.
Les défis que posent les nouvelles technologies
L’un des plus gros défis auxquels auront à faire face les parents et les responsables d’enfants dans ce nouveau monde 3.0 est de ne pas savoir avec qui leur enfant communique. Premièrement, tout comme on surveille les activités de son enfant à l’ordinateur et au téléphone cellulaire, il faut faire de même lorsqu’il s’agit de son avatar et de ses activités virtuelles. Plusieurs casques disposent de paramètres de contrôle parental qui restreignent les personnes avec qui l’enfant a des contacts et ce qu’il peut faire en réalité virtuelle. Certaines de ces fonctions ressemblent à celles que l’on retrouve sur les plateformes de médias sociaux (limiter les fonctions de messagerie directe, bloquer les achats intégrés à l’application et interdire les contacts d’adulte avec les enfants). Le métavers comporte des fonctions uniques qui permettent à un avatar d’être protégé par une bulle de sécurité pour empêcher les autres de le toucher.
Il y a de quoi faire peur, toutefois en respectant de simples protocoles de sécurité, cet outil peut devenir extrêmement positif. En voici un exemple : l’annonce récente de la mise en marché du casque d’Apple (Apple Vision Pro) constitue un pas dans la bonne direction en ce qui a trait aux moyens à la disposition des élèves leur permettant d’apprendre virtuellement l’histoire, de collaborer à des projets scolaires et de se détendre en regardant un film immersif de Disney.
En deuxième année, je me souviens d’avoir étudié le système solaire. À cette occasion, un astronaute était venu à notre école pour nous parler de son expérience. C’était fabuleux. Mais, imaginez si les enfants d’aujourd’hui pouvaient découvrir le système solaire en portant un casque qui leur permet de marcher sur la lune, de voler vers différentes planètes et de se déplacer en flottant dans la station spatiale internationale. Le métavers comporte son lot de défis, mais si on sait bien en tirer parti, les possibilités pourraient carrément exploser.
Du métavers à ChatGPT : dois-je m’inquiéter que mon enfant utilise des outils d’intelligence artificielle?
Il a beaucoup été question de ChatGPT et de l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) pour produire de tout, notamment des textes et des images. Plusieurs établissements scolaires ne savent pas comment réglementer son utilisation et certains ont choisi de l’interdire complètement. De quoi s’agit-il au juste? Les parents doivent-ils s’inquiéter?
Nous avons tous, j’en suis sûr, utilisé des outils d’IA sans nous en rendre compte. Lorsque vous êtes en train de rédiger et qu’on vous propose des suggestions pour terminer vos phrases, c’est l’intelligence artificielle qui vous les soumet. Imaginez maintenant que vous consultiez un site Web, qui s’apparente aux populaires moteurs de recherche, et que vous tapiez « écrivez-moi un courriel sur un ton professionnel destiné à la direction d’école à propos de l’absence de mon enfant ». En l’espace de quelques secondes, un courriel sans erreur est produit. Il ne vous reste plus qu’à cliquer sur Envoyer.
Imaginez maintenant demander au même outil de rédiger une dissertation sur l’histoire de la Charte canadienne des droits et libertés ou une biographie de 1000 mots sur Terry Fox. L’outil produira la dissertation, mais il s’agit là manifestement d’une tricherie. Où se situe la limite entre l’outil qui guide et l’outil utilisé pour la fraude?
Certains d’entre nous se rappellent sans doute être allés à la bibliothèque pour consulter des ouvrages sur des sujets précis, puis de chercher le livre à l’aide du « système décimal Dewey ». C’était un processus long et pénible. De plus, les livres étaient rarement au bon endroit. Toutefois, il s’agit là d’une importante compétence de recherche que nous avons acquise. De nos jours, c’est un processus désuet et avec quelques clics de souris, vous pouvez non seulement récupérer des documents, mais vous servir d’outils qui intégreront les données et résumeront les points essentiels pour vous. Les parents, les enseignants et les responsables d’enfants se retrouvent ainsi devant un dilemme et il n’existe pas de réponse simple.
L’intégrité scolaire est primordiale, toutefois l’impossibilité d’utiliser les outils dont on dispose aura des conséquences négatives. Il faut donc trouver un juste équilibre.
Ces outils n’en sont encore qu’à leurs balbutiements et il y a eu plusieurs cas où de fausses données ont été présentées comme des faits et des citations fictives ont été produites. Certaines personnes ont même exprimé des inquiétudes par rapport à l’utilisation de ces outils pour recueillir des données.
Imaginez que des questions soient posées sur des problèmes de santé personnels ou des sujets sensibles. L’outil d’IA peut maintenant connaître des détails intimes sur vous et vos enfants. Lorsque vous cliquez sur le bouton « J’accepte », il se peut que vous consentiez également à communiquer ces données à de tierces parties. Ces craintes sont fondées et peuvent avoir des effets durables en cas d’utilisation abusive.
Les technologies évoluent rapidement. ChatGPT produit des textes, mais de nouveaux outils comme DALL-E peuvent créer des images à partir de descriptions textuelles. Imaginez télécharger la photo d’une personne et vous servir de l’IA pour la modifier. De plus, il y a un bon nombre d’outils d’IA qui peuvent générer des voix et des vidéos. Pour les parents, il s’agit d’un niveau supplémentaire de complexité. Les mesures législatives évoluent également, mais pas au même rythme que celui des technologies. Il est important de comprendre « l’art du possible » en ce qui concerne l’IA.
L’IA a encore beaucoup de chemin à faire, mais elle n’est pas appelée à disparaître. Pour les parents et les responsables d’enfants, voici les cinq meilleurs conseils pour s’y retrouver :
- Informez-vous sur les outils d’IA que vos enfants utilisent – si vous savez comment vous en servir, vous pouvez guider vos enfants à le faire en toute sécurité.
- Privilégiez des outils qui disposent de mécanismes de protection pour protéger vos enfants.
- Enseignez à vos enfants à avoir l’esprit critique et à consulter plusieurs sources pour obtenir des renseignements.
- Rappelez aux enfants qu’il s’agit d’outils pouvant enrichir leur apprentissage, mais que ces outils ne devraient pas remplacer leurs enseignants, leurs parents, leurs amis, leur médecin ou toute autre personne importante dans leur vie.
- Favoriser une communication ouverte avec vos enfants en ce qui a trait à leur expérience dans l’utilisation de ces outils, qu’elle soit bonne ou mauvaise.
En passant, la ligne précédente a été produite à l’aide de ChatGPT.
Dans l’ensemble, le message qu’il faut retenir, c’est que le Web se transforme, que l’accès à l’information et les expériences de nos enfants en ligne évoluent et que tout cela comporte des avantages et des inconvénients. Au bout du compte, si les parents et les responsables d’enfants font des recherches et cheminent avec leurs enfants dans les nouveaux mondes en ligne, ils seront mieux préparés à les aider à assurer leur sécurité.
À propos de l’auteur
Ritesh Kotak est analyste en cybersécurité et en technologie en plus d’exercer comme avocat en Ontario. Il a commencé sa carrière dans les services policiers où il se spécialisait dans la cybercriminalité et la transformation numérique avant de s’en aller pour profiter des possibilités offertes par le secteur des technologies. De plus, il intervient souvent dans les médias, dans les segments d’émission où il est question de sécurité en ligne et des nouvelles technologies.